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Le co-président de l’EIBF, Jean-Luc Treutenaere, et les membres du conseil d’administration de l’EIBF, Anne Martelle et Nina Stavisky, explorent les opportunités et les défis du marché français de la librairie en 2021.
L’année dernière a été une très bonne année pour les libraires en France. Après une année 2020 très mouvementée, où les commerces ont été impactés par les confinements et les diverses restrictions, de nombreux clients des librairies sont revenus dans les magasins. Les chiffres du marché montrent une augmentation des ventes d’environ 20%, ce qui est probablement le meilleur résultat jamais enregistré !
Cependant, ces résultats ne sont pas seulement le fruit du hasard ou d’une opportunité, mais ils mettent en évidence le travail acharné de toute la chaîne du livre. Au cours de cette période, les libraires ont investi dans le développement de leurs services numériques – par exemple, au cours des deux dernières années, nous avons assisté à une augmentation de 1500% des ventes en ligne pour les libraires indépendants -, ainsi que dans la mise en place de click-and-collect et d’opérations diverses pour attirer leurs clients.
Malgré la pandémie, les librairies restent ouvertes
Du côté de la pandémie, toutes les librairies sont ouvertes dans tout le pays, et librement accessibles. Les clients doivent porter un masque,et appliquer les mesures-barrière lors de leurs visites. Les libraires s’efforcent d’assurer un niveau de protection important, tant pour leurs clients que pour leurs employés. En revanche, un pass sanitaire est obligatoire pour se rendre dans les bibliothèques, les restaurants et les cinémas.
La France introduit une nouvelle loi sur les frais de port
L’un des principaux faits politiques marquants pour les libraires indépendants en France en 2021, a été l’adoption de la loi fixant un minimum de frais de port pour les ventes de livres. La loi dite « loi Darcos », qui tire son nom de la sénatrice Laure Darcos, contribuera à uniformiser les règles du jeu pour tous les libraires. Le montant minimal des frais d’expédition doit encore être défini, mais il devrait se situer dans une fourchette de deux à cinq euros. Il devrait être défini au début de l’année 2022, la loi devant entrer en vigueur à la fin de cette année.
Lancement du Pass Culture
En 2021, la France a également lancé le Pass Culture pour tous les jeunes de 18 ans, qui leur permet de dépenser jusqu’à 300 € dans les théâtres, les films, la musique et les livres ! Ce fut un grand succès, entraînant une hausse importante des ventes de bandes dessinées et de mangas. Le Pass est désormais étendu aux plus jeunes, avec une somme moins importante toutefois.
Priorité à l’Europe
La loi sur les marchés numériques (Digital Market Act) reste au centre des discussions, notamment autour de l’interopérabilité des fichiers et des appareils utilisés pour lire les livres numériques. Le débat sur les frais imposés par Google et Apple pour les achats d’applications en magasin est également en cours.
Défis futurs
Une nouvelle année apporte également de nouveaux défis, mais de nombreuses opportunités s’offrent aux libraires français, notamment :
– L’essor des livres numériques et audio, sur lesquels les libraires traditionnels ont une offre et une part de marché faibles, voire inexistantes.
– l’accès aux grandes bibliothèques par abonnement (Kobo, Amazon Unlimited, Youboox, Youscribe, etc.)
– Le rachat de Hachette (premier éditeur français et sixième de la planète) par Vivendi (Editis, deuxième éditeur en France). Cela pourrait conduire à une « méga maison d’édition et de distribution », pesant entre 40 et 60 % du chiffre d’affaires de certaines librairies ou chaînes.
– Les défis techniques et comptables de la mise en œuvre de la facturation dématérialisée dans toutes les entreprises françaises, qui entraînera des changements profonds dans la façon dont nous gérons nos entreprises.
Malgré tout, nous sommes très confiants pour l’année à venir, prêts à accueillir nos clients et à leur faire découvrir les trésors de nos inventaires.
Cet article a été rédigé par Jean-Luc Treutenaere, co-président de l’EIBF, Anne Martelle, présidente du Syndicat de la librairie française, et Nina Stavisky, directrice générale d’ALIRE, membres du Conseil d’administration de l’EIBF.
