Tite-Live, à l’origine, c’est un projet de sortie d’école de commerce. Stéphane Magnard, une vingtaine d’années et fils de Louis Magnard, directeur des éditions Magnard et propriétaire des librairies Magnard et Lefrançois, décide de travailler sur l’informatisation des magasins paternels à une époque où personne ou presque ne se sert d’ordinateurs. Nous sommes en 1982 et il s’installe dans la cave de la librairie Magnard avec son ami Igor Schlumberger, développeur de génie, et François Boujard, vendeur à la librairie, afin de créer une première version du logiciel : la V1 !


L’histoire ne dira pas si Stéphane Magnard a eu une bonne note, mais elle dut être satisfaisante puisque Stéphane Magnard et François Boujard créent TITE-LIVE en 1983 !

En 1984 arrive Olivier Mercier pour travailler sur le développement du logiciel. Ils restent quasiment en famille puisqu’Olivier et Igor étaient camarades de classe en première et en terminale, qu’Olivier et Stéphane étaient voisins durant leur enfance, vivant l’un au sixième et l’autre au troisième étage du même immeuble, et que François était le frère d’un ami proche de la mère d’Olivier.

Les acolytes s’adossent pour la technique à Bull, qui à l’époque est la seule entreprise à proposer du multi-postes, avant l’arrivée des réseaux et bien avant Internet.



En 1986, Olivier Mercier quitte temporairement l’entreprise pour faire son service militaire, et Fabrice Delteil arrive pour le remplacer. Fabrice est le meilleur ami de Filippo Gropallo, premier formateur de l’entreprise et… beau-frère de François Boujard.
À l’époque, les concurrents se nomment Colibri et Praxiel. Stéphane Magnard veut se démarquer et, pour cela, il aura beaucoup des idées fondatrices qui président encore aujourd’hui aux destinées de l’entreprise : c’est le cas de l’importance des statistiques dans le logiciel ou du fait d’avoir ses propres bases de données. Ces dernières sont dès le début multiproduits, Tite-Live réalisait d’ailleurs le Top 50 au début des années 90 pour le SNEP en partenariat avec l’IFOP !

C’est également le moment de la création de la filiale de Tite Live pour le Benelux, Tite Live Belgique. Aujourd’hui, cette filiale installée à Mouscron compte une trentaine de salariés et travaille majoritairement en Hollande.

Petit à petit, Tite-Live fait évoluer son logiciel, faisant à chaque nouvelle version des bonds technologiques puisqu’en 10 ans ils passeront de Prologue à Windows, en passant par UNIX pour la fameuse V5 qui restera dans les mémoires des libraires. La première version stable de Medialog mettra cinq ans à être développée, dans des conditions assez particulières : en effet, à l’époque, Olivier Mercier et Fabrice Delteil trouvent impossible de créer quelque chose de nouveau en étant englués dans le quotidien d’une SSII. Ils louent donc une maison à Saint Pierre de Quiberon où ils resteront un an, seuls avec l’équipe de développement, afin d’avancer dans le calme. À la fin de l’année et après avoir travaillé majoritairement la nuit, le prototype de Medialog est viable. Cette méthode ayant visiblement porté ses fruits, ils la réitèrent l’année suivante en louant un moulin à Château-Thierry. À la fin de cette deuxième année d’ermitage, le logiciel est quasiment opérationnel, et l’histoire ne comptera ni les cartons de pizza ni les bouteilles vides qui ont été nécessaires.

Le premier libraire qui choisit Medialog est Suisse. Nous sommes en 1998, et ce sont les développeurs qui vont installer le logiciel et régler les derniers détails. Par exemple, lorsque le responsable dira un soir que, maintenant qu’il sait se servir de la caisse et de la réception, il voudrait faire des retours. Le lendemain. Dommage, le module de retours n’existe pas encore ! Il sera développé dans la nuit…
Des nuits, il y en a eu beaucoup. Il y a eu celles passées à créer des tables de correspondance entre le logiciel et les caisses de grande distribution, par exemple. L’un des salariés, à la suite d’une erreur ayant modifié les prix d’un hypermarché Continent, gardera sur son bureau un poisson rouge nommé Continent offert par ses camarades en souvenir de la bourde. Il y a aussi eu celle du passage à l’an 2000 ou celles du 31/12/2011 et du 31/12/2012 lors de la mise en place de la TVA à 7% pour le livre et du retour à la TVA à 5,5%, pendant lesquelles il a fallu modifier un à un tous les serveurs de tous les clients de la SSII. Il en est resté un canapé dans la salle de pause…

Stéphane Magnard, à l’époque, a vu arriver la vague Internet. Un obstacle majeur étant le paiement en ligne, il imaginera un site comparant les prix des produits culturels, et permettant de ramener l’Internaute vers le magasin physique. Ainsi il créera dès tout début des années 2000 le site Aligastore.com, un comparateur de prix multiproduits qui fonctionnera pendant de nombreuses années avant de disparaître au profit de Place des libraires en 2007. Les sites de vente en ligne individuels, les portails et les sites de vente de livres numériques suivront, au sein de la filiale ePagine dirigée par Stéphane Michalon.

                               

Aujourd’hui, le capital et la direction de l’entreprise restent identique à ceux de 1983 en dehors du départ de Stéphane Magnard. Il y a 70 salariés au siège de Montrouge et les équipes de développement travaillent sur Medialog 4, un logiciel entièrement repensé, simplifié, full web et dont toute la conception a été confiée à un spécialiste UX. Probablement de nouvelles nuits à passer dessus…

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