Mercredi 19 octobre avait lieu à Francfort un dîner un peu particulier, organisé par l’EIBF. C’était un dîner rassemblant 35 libraires du monde entier, des États-Unis à la Nouvelle-Zélande, de la Roumanie à l’Espagne, des Belges, des Français …
Autour de cette, que dis-je, de ces tables, de quoi parle t’on ? Forcément, on parle de librairie, de romans, de métier, de circuit du livres, de ce qui nous rapproche, de ce qui nous différencie… on parle de la France qui est le paradis des libraires, non, vraiment le Pass Culture c’est pour de vrai ?
Et puis tout d’un coup quelqu’un se met à parler formation. « Ah, tiens, toi, il paraît que tu enseignes la librairie ? » et j’ai parlé à un auditoire fasciné et incrédule de l’existence, en France, de multiples formations pour devenir libraire. Dans des Instituts universitaires de technologies, des centres de formation d’apprentis, des structures nationales, régionales, locales, publiques ou privées …
Et j’ai parlé de l’existence en France d’un certain centre de formation des libraires public, en apprentissage, en deux ans, animé par des professionnels, des passionnés, qui accompagnent des jeunes dans leur découverte du métier et leur apprennent comment on découvre un catalogue (« le fonds ça s’apprend ») et comment on porte un carton (« plie tes genoux ! »), comment on travaille un office (« zéro est une quantité ») et comment on ouvre un office (« le cutter vers l’extérieur, pas vers toi ! »), qui sont les éditeurs, leurs collections, leurs diffuseurs et leurs distributeurs (ah les interros de distributeurs du lundi matin) (ah la salle des catalogues). J’ai parlé des liens qui se nouent dans les salles de classe entre futurs professionnels des métiers du livre qui, même s’ils ne resteront pas forcément libraires, se connaîtront toute leur carrière. J’ai parlé des libraires qui s’impliquent dans la formation du futur de la profession, de l’importance de la transmission, du bonheur aussi du partage des compétences.J’en ai parlé en détails parce que c’est celui où j’ai appris le métier de libraire il y a quelques (quelques…) années.
Pour tous ces libraires, c’était incroyable, c’était inouï parce qu’une fois de plus nous sommes bien peu de pays à former nos jeunes libraires plutôt que de les balancer dans le grand bain en ne gardant que ceux qui surnagent.
L’École de la librairie, que j’appelais INFL, que d’autres avant moi appelaient ASFODEL, voire ASFODELP, a cinquante ans cette année et je ne pense pas être la seule à lui en souhaiter au moins cinquante de plus.
Nina Stavisky, promo 2006-2008
Quelques souvenirs :